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"Ces philosophes-là ont su nuire à la bêtise", Nietzsche, Gai savoir, § 328 - Blog philo d'Emmanuel Ferraguti.
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Faut-il s'abstenir de penser pour être heureux ?
Faut-il / s’abstenir / (de) penser / (pour être) heureux ?
Devoir /Eviter / Réfléchir / Joie
Tentation / S’arrêter / Faire des choix / Plaisir
Pouvoir / S’interdire / Morale / Jouissance
Arrive-t-on ? / S’empêcher / Cerveau / Imaginer
Peu-t-on ? Se refuser / Raisonner / Accomplissement
Obligation-contrainte / Se retenir / Science-savoir / Bonne intelligenceDroit-Fait / Ne pas céder / Entendre / PaixNécessaire – possible – contingent / Faire front -résister /Entendement / Harmonie
1. Je commence à noter toutes les idées qui (me) viennent face au champ sémantique :
- La question de la volonté. La question de la possibilité.
- Le « faut-il » implique un devoir-être (question de droit) ; il y aurait un devoir à ne pas, à s’abstenir de… (ce qui implique que, dans les faits, la chose soit possible)- L’énoncé semble vouloir faire tenir ensemble deux domaines difficilement compatibles, voire antithétiques : le devoir, la morale, et la pensée, la science (Obscurités/Lumières ; superstitions/savoir ; Révélation/lumière naturelle).- La morale est du domaine de la valeur (droit) tandis que la science est du domaine du fait ; la morale présuppose la liberté de faire ou ne pas faire (libre arbitre), tandis que la science travaille dans le domaine de la nécessité du fait (chute d’un corps) ou de la loi (gravitation universelle).- Les trois termes s’abstenir/penser/être heureux semblent impliquer une relation de causalité entre l’abstention (morale) et le bonheur.
- S’abstenir de penser (cause) produirait un effet (le bonheur)…- Il y aurait là une relation de causalité… pourtant le caractère moral de l’énoncé (faut-il) semble impliquer que le problème ne se pose pas au niveau d’une nécessité logique/démonstrative ou physique (raison/démonstration) – c’est « faut-il » et non « est-ce possible ? » ou bien « Peut-on ? ».
- Nous sommes du côté de la norme et non du fait.- Si je dis que le cercle est non-circulaire (A = non-A) il y a impossibilité logique au cœur même de l’énoncé (c’est un énoncé qui se détruit lui-même).
- C’est un énoncé possible en fait, mais logiquement illégitime, impossible. En fait possible, mais en droit impossible.- La relation de causalité entre « s’abstenir [de penser]» et « être heureux » semble n’être qu’une apparence, une illusion, de causalité (causalité/finalité).- Cause/fin. Est-ce à dire qu’il faut faire une lecture finaliste de l’énoncé pour lui conférer un sens acceptable, pour lui conférer une signification acceptable - pour rendre pensable le lien qui unirait le fait-qui-n’en-est-pas-un (puisque la question est de droit) de penser et celui d’être, ou non, heureux.
- N’est-ce pas la tentation même de la pensée irrationnelle, religieuse, des croyances, de la superstition de mettre la norme (le prescriptif) et le fait (la nécessité logique ou physique) sur le même terrain, de les confondre.
- ce terrain, n’est-ce pas celui-là même de la volonté/liberté ?
- les problèmes sous-jacents sont ceux de la liberté de la volonté (pas de morale sans cette possibilité) ; de la liberté tout court ; du commencement, de l’autorité. Je résume la première difficulté (elle formera probablement, une fois développée de manière satisfaisante, le contenu de ma première partie) : le problème se pose en terme de causalité (une cause produirait un effet), mais les termes impliqués imposent une lecture en terme de finalité pour que la question « faut-il » ait un sens (c’est la finalité qui oriente, non la causalité).
- Le mélange des deux pose problème : on comprend sans grande difficulté que l’énoncé propose un contenu moral qui relève de la finalité sous la forme logico-physique, démonstrative, qui relèverait de la causalité (il y a mélange des genres).
- s’abstenir de penser (cause) ne peut produire que s’abstenir de penser (effet) ; généralement cet effet se nomme idiotie, inconscience (et non joie ou bonheur).
- à moins que l’acte de s’abstenir (dimension morale) soit lui-même l’effet d’une cause (commandement) antécédente ; cause qui s’accompagnerait de la promesse du bonheur.
- Nous quittons alors le domaine de la causalité pour entrer dans celui de la récompense (le faut-il s’explique mieux ainsi).
- Causalité/Récompense-Rétribution/Finalité.
- Répondre à cette question sans s’interroger préalablement sur sa légitimité serait périlleux et très naïf.
- Comment une décision morale (s’abstenir de penser – d’ailleurs qui est le sujet ? un individu, un groupe, tous les hommes ?)) peut-elle produire un état dans le monde (bonheur), si ce n’est en recourant à une volonté (rétribution/finalité) dont la fin, l’objet, le but, la volonté n’est pas la science, le savoir, la connaissance (c’est le thème que l’on trouve dans la Genèse), mais l’obéissance, la puissance.
- Je retombe sur le même problème : la relation qui unit le fait de ne pas penser (cause) et celui d’être heureux (effet) implique une relation de causalité quand le « faut-il » implique de la finalité, de la normativité.
- Comment concevoir que s’abstenir de penser puisse nous rendre heureux autrement que comme récompense pour le respect d’un interdit (Adam et Eve).
- S’abstenir de penser peut rendre heureux si (conséquence morale) penser – faire science – est interdit et que le respect de cet interdit est récompensé (ou sa transgression punie).
- S’abstenir de penser (cause) produirait un effet (le bonheur)…- Il y aurait là une relation de causalité… pourtant le caractère moral de l’énoncé (faut-il) semble impliquer que le problème ne se pose pas au niveau d’une nécessité logique/démonstrative ou physique (raison/démonstration) – c’est « faut-il » et non « est-ce possible ? » ou bien « Peut-on ? ».
- Nous sommes du côté de la norme et non du fait.- Si je dis que le cercle est non-circulaire (A = non-A) il y a impossibilité logique au cœur même de l’énoncé (c’est un énoncé qui se détruit lui-même).
- C’est un énoncé possible en fait, mais logiquement illégitime, impossible. En fait possible, mais en droit impossible.- La relation de causalité entre « s’abstenir [de penser]» et « être heureux » semble n’être qu’une apparence, une illusion, de causalité (causalité/finalité).- Cause/fin. Est-ce à dire qu’il faut faire une lecture finaliste de l’énoncé pour lui conférer un sens acceptable, pour lui conférer une signification acceptable - pour rendre pensable le lien qui unirait le fait-qui-n’en-est-pas-un (puisque la question est de droit) de penser et celui d’être, ou non, heureux.
- N’est-ce pas la tentation même de la pensée irrationnelle, religieuse, des croyances, de la superstition de mettre la norme (le prescriptif) et le fait (la nécessité logique ou physique) sur le même terrain, de les confondre.
- ce terrain, n’est-ce pas celui-là même de la volonté/liberté ?
- les problèmes sous-jacents sont ceux de la liberté de la volonté (pas de morale sans cette possibilité) ; de la liberté tout court ; du commencement, de l’autorité. Je résume la première difficulté (elle formera probablement, une fois développée de manière satisfaisante, le contenu de ma première partie) : le problème se pose en terme de causalité (une cause produirait un effet), mais les termes impliqués imposent une lecture en terme de finalité pour que la question « faut-il » ait un sens (c’est la finalité qui oriente, non la causalité).
- Le mélange des deux pose problème : on comprend sans grande difficulté que l’énoncé propose un contenu moral qui relève de la finalité sous la forme logico-physique, démonstrative, qui relèverait de la causalité (il y a mélange des genres).
- s’abstenir de penser (cause) ne peut produire que s’abstenir de penser (effet) ; généralement cet effet se nomme idiotie, inconscience (et non joie ou bonheur).
- à moins que l’acte de s’abstenir (dimension morale) soit lui-même l’effet d’une cause (commandement) antécédente ; cause qui s’accompagnerait de la promesse du bonheur.
- Nous quittons alors le domaine de la causalité pour entrer dans celui de la récompense (le faut-il s’explique mieux ainsi).
- Causalité/Récompense-Rétribution/Finalité.
- Répondre à cette question sans s’interroger préalablement sur sa légitimité serait périlleux et très naïf.
- Comment une décision morale (s’abstenir de penser – d’ailleurs qui est le sujet ? un individu, un groupe, tous les hommes ?)) peut-elle produire un état dans le monde (bonheur), si ce n’est en recourant à une volonté (rétribution/finalité) dont la fin, l’objet, le but, la volonté n’est pas la science, le savoir, la connaissance (c’est le thème que l’on trouve dans la Genèse), mais l’obéissance, la puissance.
- Je retombe sur le même problème : la relation qui unit le fait de ne pas penser (cause) et celui d’être heureux (effet) implique une relation de causalité quand le « faut-il » implique de la finalité, de la normativité.
- Comment concevoir que s’abstenir de penser puisse nous rendre heureux autrement que comme récompense pour le respect d’un interdit (Adam et Eve).
- S’abstenir de penser peut rendre heureux si (conséquence morale) penser – faire science – est interdit et que le respect de cet interdit est récompensé (ou sa transgression punie).
- Problème : cette conception des rapports entre pensée et bonheur implique une définition du bonheur (« être heureux ») comme récompense/obéissance ».
- Dans ce cas il faut mettre préalablement en place l’idée (ici le présupposé) de la création comme portant intrinsèquement (en elle-même) le projet de l’obéissance inconditionnelle de la créature, la soumission irréfléchie, inconsciente, à l’autorité du Créateur, pour que la fausse relation de causalité entre un acte comme « s’abstenir de penser » et un effet comme « être heureux » ait un sens dans le monde (nous rendre heureux).
- De ce point de vue le bonheur (sa possibilité effective) ne réside pas tant dans le fait de « s’abstenir de penser » que dans la volonté divine de récompenser ceux qui la respectent.
- Ce n’est [donc] pas le devoir de nous « abstenir de penser » qui nous rendrait « heureux », mais le fait d’obéir à Celui qui possède le pouvoir de nous rendre heureux ou malheureux selon que nous obéissons ou non à sa volonté.
- Si un tel être existe, quoi qu’il commande, il est souhaitable de lui obéir (la première vertu est l’obéissance).
- Dans ce cas il faut mettre préalablement en place l’idée (ici le présupposé) de la création comme portant intrinsèquement (en elle-même) le projet de l’obéissance inconditionnelle de la créature, la soumission irréfléchie, inconsciente, à l’autorité du Créateur, pour que la fausse relation de causalité entre un acte comme « s’abstenir de penser » et un effet comme « être heureux » ait un sens dans le monde (nous rendre heureux).
- De ce point de vue le bonheur (sa possibilité effective) ne réside pas tant dans le fait de « s’abstenir de penser » que dans la volonté divine de récompenser ceux qui la respectent.
- Ce n’est [donc] pas le devoir de nous « abstenir de penser » qui nous rendrait « heureux », mais le fait d’obéir à Celui qui possède le pouvoir de nous rendre heureux ou malheureux selon que nous obéissons ou non à sa volonté.
- Si un tel être existe, quoi qu’il commande, il est souhaitable de lui obéir (la première vertu est l’obéissance).
- Interroger l’exemple d’Abraham qui obéit jusqu’à l’absurde.
- Le problème de cette décision (pousser la foi jusqu'à l'absurde) est qu'elle implique un acte irrationnel qui la place hors du champ de la rationalité humaine.
- la raison est-elle pour autant condamnée à se taire ?
TRANSITION : C'est la notion de Volonté (et dans le même temps celle de responsabilité) qui semble prendre le pas sur l'opposition Finalité/Causalité (opposition problématisée par la notion de récompense/punition). Volonté divine (finalité de la création), volonté du créateur, contre volonté individuelle de la créature. La question de la liberté et de l'orientation de notre volonté s'impose d'elle-même. S'il ne s'agit que d'obéir nécessairement (cause - effet), notre bonheur est un effet (une direction toute tracée, une nécessité, une nature) et non une récompense (on ne récompense pas un ange). C'est bien parce que la possibilité de prendre une décision contraire (penser par soi-même) existe que la récompense a un sens pour l'homme (elle présuppose le libre-arbitre), fait sens (le dieu de l'Ancien Testament nous récompense d'obéir à sa volonté - ce n'est pas tant le fait de s'abstenir de penser qu'Il récompense que celui de Lui obéir - la récompense c'est ce sens même... lui obéir donne un sens à ce qui, sans elle, n'en aurait pas - Nietzsche, L'insensé !). Abraham manifeste sa foi en obéissant jusqu'à l'absurde parce qu'il est libre de ne pas obéir, parce qu'il a de bonnes raisons (humaines) de refuser ce sacrifice. S'abstenir c'est un acte de volonté, une décision morale, non le résultat d'un raisonnement. Volonté-croyance contre vontre-entendement ? L'entendement travaille dans la nécessité (démonstration) quand la volonté travaille dans le la liberté (au kantien : commencer une nouvelle série radicale). L'entendement préfère la nécessité (démonstrative) à la liberté/autorité - celle-ci est le domaine de la volonté. Je commence à comprendre qu'au problème causalité/finalité/récompense-punition, je vais substituer (pour ma deuxième partie) celui-ci : volonté/entendement/liberté. Le probléme se déplace de la volonté du créateur vers celle de la créature et le bonheur n'est plus une récompense (ou son absence une punition), une rétribution, provenant du créateur, mais un état (affectif, intellectuel) de l'homme dans le monde. Nous voici revenu au niveau même des relations entre volonté et entendement.
comment soutenir l'idée qu'une décision morale (s'abstenir de penser) pourrait produire un état (affectif ou intellectuel d'un individu, d'un groupe d'individus ou de tous les individus) dans le monde, le produire comme la cause l'effet, sans faire intervenir une volonté toute puissante et l'idée du bonheur comme récompense dépendant de cette volonté ?
Deuxième problème/moment : Les rapports entre volonté et entendement.
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